The sound of silence
Réalisé par John Krasinski
Avec Emily Blunt, John Krasinski, Millicent Simmonds…
USA – Thriller, Épouvante-horreur
Sortie en salle : 20 juin 2018
Durée : 1h 30min
Kezako ?
Une famille tente de survivre sous la menace de mystérieuses créatures qui attaquent au moindre bruit. S’ils vous entendent, il est déjà trop tard.
La critique d’Eugénie – 4/5
Pitch minimaliste pour un concept redoutablement efficace !
L’être humain n’est pas vraiment conçu pour être discret… Chassés par des créatures à l’ouïe surdéveloppée (cousines éloignées du démogorgon de « Stranger Things »), tout dans notre condition, de notre habitat à nos réflexes primaires nous condamne inéluctablement à être bruyant. Le tout est de savoir quand la chaise tombera, quelle tasse se cassera, quel personnage chutera ?
Krasinski réussi un très beau tour en transformant la prévisibilité de son scénario en anxiété d’anticipation. Jusqu’au-boutiste, il fait même du silence le personnage principale du film, oppressant quand il règne, paralysant quand il est rompu… car l’ennemi ici, c’est le bruit (aiguisé par un sound design d’exception) ! Menace omniprésente, chacune de ses manifestations, même anodine, devient violente et justifie l’une des meilleures utilisations du jump scare sonore à ce jour.
En l’absence presque totale de dialogues (en dehors de la langue des signes) la compréhension passe par la lecture de l’image, simplifiée par le soin apporté à sa composition. Même si Krasinski abuse un peu (trop) des gros plans, il prouve dès la scène d’ouverture sa parfaite maitrise de la mise en scène et signe un film où la contrainte de silence est d’or ! Sans un mot (ou presque), les acteurs crèvent l’écran dans des rôles muets. Le duo parental Blunt-Krasinski (couple à la vie et pour la première fois à l’écran) est touchant de sincérité quand les enfants sont enfin utilisés à des fins scénaristiques autres celles des éternels boulets. Le film s’autorise même de jolies scènes d’émotion autour des thèmes de la famille, de l’amour, du devoir et du handicap, l’ainée des enfants, interprétée par la talentueuse Millicent Simmonds, étant sourde…
Mais si « Sans un bruit » a de nombreuses qualités il n’est pas sans défaut et souffre d’un manque de finitions irritant compte tenu de son potentiel (notamment sa bande originale banale et envahissante).
Malgré une forme de répétition, la logique de constance plus que de crescendo maintient le spectateur sous tension de bout en bout. « Sans un bruit » est destiné à en faire beaucoup et pas pour rien ! Comme d’autres films du genre (et de genre) le film se conçoit comme une expérience à vivre en salle pour profiter pleinement de l’angoisse induite par l’obscurité et le silence – enfin, pour peu que vous ne soyez pas assis à côté d’un odieux et bruyant mangeur de pop corn… « Chuuuttt ! »