Une grande responsabilité implique de grands pouvoirs
Kezako ?
Spider-Man, le héros sympa du quartier est démasqué et ne peut désormais plus séparer sa vie normale de ses lourdes responsabilités de super-héros. Quand il demande de l’aide à Doctor Strange, les enjeux deviennent encore plus dangereux, le forçant à découvrir ce qu’être Spider-Man signifie véritablement.
La critique d’Eugénie – 5,5/10
Mastodonte de cette fin d’année remplissant les salles comme nul autre depuis le début de la pandémie, Spider-Man : No Way Home est exactement, et malheureusement, le film attendu ! Promis, il n’y aura pas d’autres spoils dans cette critique que ceux des bandes-annonces.
Si le dicton affirme que « peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse », les amateurs de vin savent eux qu’une bouteille et un bouchon de piètre qualité peuvent en gâcher le goût. C’est pourquoi ce troisième opus marvélien du tisseur m’énerve autant ! Parce que je ne m’explique pas qu’on puisse gâcher une telle ambition scénaristique par une si pauvre exécution !
Après deux volets honnêtes et sympathiques, dont l’appréciable Far From Home, Jon Watts rempile derrière la caméra, mais livre une copie (esthétiquement) sans âme, incapable d’iconiser ses personnages, méchants ou héros. Les scènes d’actions en deviennent dès lors le plus gros point noir du film – hormis celle du Docteur Strange qui reprend ses propres codes – en se révélant d’une platitude exaspérante, mal chorégraphiées, mal éclairées, mal coupées, mal filmées !
Et pourtant, les idées ne manquaient pas ! On voit ainsi transparaître régulièrement quelques fulgurances tout au long du film, mais elles émergent surtout par contraste avec le reste, comme cet unique plan séquence comique pendant l’introduction (seule ambition de mise en scène sur 2h30), ses ping-pongs verbaux jouissifs, ou les conséquences de la révélation de l’identité de Peter (poids de l’opinion, haters, respect des libertés fondamentales et répercussions légales) qui sont (trop) vite délaissées.
Car la tragédie de cet opus se joue dans l’exécution d’une idée incroyablement cool : faire venir les antagonistes des autres univers. Et si la dynamique avec le Docteur Strange fonctionne bien, ce n’est pas le cas avec ces méchants débarqués des autres adaptations qui ne se ressemblent tout simplement plus. Au-delà des relookings d’Electro (plutôt réussi), de l’Homme Sable (raté) et du Lézard (dégeu), l’humour du MCU ne prend pas sur ces versions des personnages qui, sans consistance ni enjeux, peinent à nous faire croire à leur menace, à l’exception notable du Bouffon Vert. Sans compter les incohérences et les grosses facilités scénaristiques qui, malgré la hype, nous sortent un peu du film.
Pour autant, le scénario est loin d’être mauvais lui. Même plus que cela, c’est depuis l’introduction du personnage dans le Marvel Cinematic Univers celui qui a le mieux compris son sujet : qui est Spider-Man ? Réponse : un héros qui souffre ! L’arc narratif visant à faire définitivement et douloureusement sortir Peter Parker de l’adolescence est ainsi très bon, porté par l’excellente prestation de Tom Holland et des seconds rôles qui l’accompagnent. Le film sait ainsi faire naître l’émotion quand il se l’autorise, même si celle-ci repose aussi souvent sur l’effet nostalgie, car ce volet est avant tout un grand moment de fan service, un monument commémoratif pour tous les fans de l’homme-araignée.
Alors en définitif est-ce que j’ai aimé ? Oui. Est-ce que j’ai applaudi à l’unisson avec le reste de la salle ? Tout à fait ! Mais est-ce que j’ai été surprise ? Pas vraiment. Et est-ce que je suis satisfaite ? Franchement, après des mois de préliminaire c’est très loin d’être suffisant ! Car je voulais que ce Spider-Man : No Way Home soit plus qu’une énième production Marvel ou un simple film de super-héros, ce que du reste, il avait le potentiel d’être, mais pas les moyens en raison du choix de son réalisateur. Disney peut nous faire voyager à travers le multivers autant qu’il veut mais s’il compte un jour nous reparler Cinéma, il faudra faire mieux que ce néant artistique complet !
Réalisé par Jon Watts
Avec Tom Holland, Zendaya, Benedict Cumberbatch, Willem Dafoe, Alfred Molina etc.
USA – Super-héros
Sortie en salle : 15 décembre 2021
Durée : 2h 29min