Aline

Because she loves her

Kezako ?

Québec, fin des années 60, Sylvette et Anglomard accueillent leur 14ème enfant : Aline. Dans la famille Dieu, la musique est reine et quand Aline grandit on lui découvre un don, elle a une voix en or. Lorsqu’il entend cette voix, le producteur de musique Guy-Claude n’a plus qu’une idée en tête… faire d’Aline la plus grande chanteuse au monde.

La critique d’Eugénie – 5/10

S’il suffisait d’aimer son sujet pour faire un bon film.
Il est toujours un peu délicat de revenir sur le parcours d’un artiste de son vivant (mis à part Rocketman qui avait su transformer l’essai). Ici, le pari est d’autant plus compliqué que le biopic n’est pas complétement assumé. Ce sont bien les chansons de Céline Dion qu’on entend, mais chantées par Aline Dieu et dont l’histoire est en fin de compte moins romancée que celle de Freddie dans Bohemian Rhapsody.
Ce positionnement bâtard induirait presque le spectateur en erreur, car après le jouissif Palais Royal nous proposant une version « dark » de Lady Di, on n’imaginait pas Valérie Lemercier s’emparer du personnage de Céline autrement que dans un registre parodique. Mais Aline lui, est (surprenamment) convenu et très premier degré hormis quelques saillies comiques sur fond d’accent québécois (on vous aime cousins du bout du monde).

On est donc véritablement en présence d’un biopic (même s’il s’en cache), réalisé avec les meilleures intentions et beaucoup d’affection pour son sujet, ses personnages et ses acteurs, mais qui, d’un point de vue cinématographique, a peu de chose à nous raconter, à moins qu’il n’essaye d’en dire trop. Les sacrifices qu’exige une carrière internationale, le rapport à la famille, la place de la maternité dans une vie publique, le contact avec les fans, la notoriété, les médias, le showbiz… L’intime et le professionnel se côtoient sans vraiment se parler, le film n’ayant pour fil rouge que la relation avec René Guy-Claude. En résulte un « long » métrage désespérément plat, lancé sur une route bien droite sans embûche, ni virage ou dénivelé et donc sans aucune évolution émotionnelle.

C’est d’ailleurs cette dimension émotive qui souffre le plus, car si toutes les intentions sont évidentes, la magie, elle, a du mal à prendre en dehors de quelques séquences plus intimes, notamment en raison de la mauvaise gestion du catalogue culte de Céline Dion. On ne croit par exemple jamais aux scènes de concert qui manquent d’envergure, ni aux prestations d’Aline à cause d’un gros problème de synchronisation (lipsync) du playback. Ces scènes feraient presque passer Valérie Lemercier pour une mauvaise actrice – ce qui n’est pas le cas – et plus encore au début de l’histoire quand le rajeunissement du personnage met les pieds en plein dans la vallée dérangeante. On se doute bien que le but était (entre autres) de ne pas demander à une préadolescente de jouer les amoureuses transis avec un homme sensiblement plus âgé, mais le résultat est à l’image du film : de bonnes intentions à l’exécution insatisfaisante.

Aline est tout à la fois un film moyen et un biopic sans ambition. Sans être foncièrement mauvais du fait du talent des acteurs et de certains dialogues, il ne fait qu’effleurer le potentiel de son sujet et donnerait presque plus envie de lire une biographie ou de regarder un documentaire consacré à Céline Dion pour creuser plus avant une histoire qui mérite malgré tout d’être racontée. Pas contre, si vous n’appréciez que moyennement la chanteuse, épargnez-vous de détour.


Réalisé par Valérie Lemercier
Avec Valérie Lemercier, Sylvain Marcel, Danielle Fichaud etc.
France – Biopic
Sortie en salle : 10 novembre 2021
Durée : 2h 06min