Black Widow

Meurt un autre jour

Kezako ?

Après les évènements de Civil War, Natasha Romanoff, alias Black Widow, voit resurgir la part la plus sombre de son passé pour faire face à une redoutable conspiration liée à sa vie d’autrefois.

La critique d’Eugénie – 5,5/10

Longtemps attendue et réclamée, la première aventure en solo de la Veuve Noire sort avec plus de 3 ans de retard sur la chronologie du MCU, ses événements se déroulant entre Civil War et Infinity War. Et pourtant, malgré des défauts bien réels, le film prouve que Marvel/Disney avait matière à faire un long-métrage sur son héroïne depuis un bail !

Les fans auront ainsi plaisir à retrouver Natasha Romanoff dans une histoire qui détaille de façon très satisfaisante son personnage et son passé, approfondissant l’évolution qui la mènera à la conclusion de son arc narratif dans Avengers : Endgame tout en nous présentant son héritière naturelle.
En cela, la trame principale du scénario est plaisante, jouant à la fois avec les codes du film d’espionnage, de son superbe générique à ses repères géopolitiques, mais aussi avec la comédie familiale pour proposer de belles touches d’émotion, notamment portée par l’alchimie du duo Scarlett Johansson / Florence Pugh.
Une émotion malheureusement trop souvent gâchée par les rôles de David Harbour et Rachel Weisz que le film a jugé bon de transformer en blague vivante, pour respecter le cahier des charges du MCU, plutôt qu’en vrais personnages. Un humour lourdingue d’autant plus dommageable qu’il est opposé à celui, efficace et naturelle, des pics que s’envoient les deux « sœurs ». Mais une fois encore, mises à part quelques mentions honorables (dans ce film et les autres), Marvel semble avoir peur de son potentiel tragique et attenu la force humaine et émotionnelle de son récit pour se concentrer sur l’action.

Sauf que de ce côté aussi, Black Widow échoue ! Non pas par manque d’ambition ou de rythme, bien au contraire, mais parce que les chorégraphies des combats sont parfaitement illisibles du fait de leur sur-cutage. En résulte également des scènes d’intérieur mal fichues là où les décors extérieurs sont splendides et particulièrement bien mis en valeur.

C’est ce qui énerve avec ce film. Il avait du potentiel ! Il avait des choses à dire ! Mais l’exécution pêche trop souvent par manque d’originalité pour convaincre. Ainsi, une bonne partie des éléments de l’intrigue sent vraiment le déjà-vu, et pas de bien loin, puisqu’ils viennent de Captain America : Le Soldat de l’hiver. Quant à l’antagoniste, on renoue avec la déplorable tradition des méchants oubliables made in Marvel, et ce, malgré un sous-texte intéressant.
La conclusion a elle aussi de quoi laisser perplexe en balançant une ellipse temporelle tellement grossière qu’on se demande si Disney n’est pas en train de nous préparer un autre film ou une série pour combler le vide.

Black Widow est d’autant plus frustrant que son introduction était incroyablement prometteuse ! Mais passé le premier quart d’heure, le film fait une sortie du route et tombe du pont de la crédibilité. Parce qu’au bout d’un moment, il a des absurdités qu’on a de plus en mal à laisser passer, comme l’invulnérabilité de l’héroïne qui survit à tout (chutes, explosions, passages à tabac, tire de stormtrooper etc.) sans super-pouvoir ou encore pourquoi, mais POURQUOI nom de Dieu, toute la « famille » de Natasha se coltine un accent russe alors qu’ils n’en avaient pas dans la première scène.

Je croyais avoir définitivement tourné la page du MCU après la conclusion contrariante d’Avengers : Endgame, mais les séries Disney+ WandaVision et Loki ont prouvé que la firme en avait encore sous le coude. Malheureusement, Black Widow ne remplit pas le contrat, ou tout du moins, pas à la hauteur de mes attentes.
Si le MCU nous a épargné les gros navets, la liste de ses long-métrages « moyens » commence à être longue et il en faudra plus pour que son univers cinématographique survive à la mort de ses héros d’origine. À défaut, le film reste très divertissant et se révèle nettement meilleur que Wonder Woman 1984 de DC, c’est déjà ça.


Réalisé par Cate Shortland
Avec Scarlett Johansson, Florence Pugh, David Harbour, Rachel Weisz etc.
USA – Super-héros, Action, Aventure
Sortie en salle : 7 juillet 2021
Durée : 2h 14min