Heights Side Story
Kezako ?
Au cœur de New York, le quartier de Washington Heights est celui de tous les possibles. Usnavi, propriétaire d’un petit café dans le quartier, rêve de renouer avec ses origines, en République Dominicaine. Mais tout se complique quand il croise le regard de Vanessa, une jeune femme qui rêve de devenir styliste. Leur rencontre, sur fond de danse et de musique, va chambouler leur vie de manière inattendue.
La critique d’Eugénie – 7/10
Lin-Manuel Miranda est un nom encore peu connu de notre côté de l’Atlantique. Certains reconnaîtrons peut-être en lui un personnage secondaire de Dr House ou encore le second rôle du Retour de Mary Poppins… Mais tous ceux s’intéressant aux coulisses de Broadway et d’Hollywood savent ce qu’il en est vraiment : Lin-Manuel Miranda est un p***** de génie dont l’influence ne cesse de croître depuis les succès de Vaiana et d’Hamilton (et il faudra un jour qu’on parle d’Hamilton !).
In the Heights est donc l’adaptation cinématographique de sa toute première comédie musicale (récompensée aux Tony Howard) et réalisée par Jon M. Chu. Et si les fans de l’auteur-compositeur y trouveront leur compte, le film pourrait laisser une partie du public derrière lui.
Car In the Heights est avant tout une déclaration d’amour au quartier latino de Manhattan et à sa culture, extrapolation contemporaine de ce que faisait West Side Story avec les Sharks en son temps.
Ici, la musique latine se mêle au hip-hop et au rap dans une composition vivante qui joue avec les influences comme avec les instruments d’un orchestre.
Mais autant la musique que l’histoire peuvent déconcerter par leur côté intimiste, très ancré dans un contexte culturel assez méconnu de l’hexagone.
Les « aventures » d’Usnavi, Vanessa, Beny et Nina sont, tout comme leurs tragédies, à échelle humaine, presque en huit clos au sein du quartier de Washigton Heights, très loin des grands enjeux héroïques et romantiques du genre. Point de révolution, de guerre des gangs ou de fantôme ici, In the Heights dresse le tableau de la vie d’une communauté et aborde à travers leurs rêves la mort et le renouveau de l’American Dream.
L’histoire a été légèrement modifiée pour les besoins du grand écran, réorganisant habilement les numéros musicaux pour renforcer la dramaturgie, quitte à supprimer des rôles au passage. Malheureusement, le film se traîne un encadrement scénaristique maladroit et souffre d’une bonne demi-heure en trop pour les besoins de son média. Il s’en sert cependant très bien sur d’autres aspects, notamment avec une mise en scène inspirée lors des passages chantés, à l’exception de son usage un poil abusif de CGI là où des effets artisanaux auraient insufflé un supplément d’âme aux chorégraphies.
In the Heights est une œuvre inspirante mais qui pourrait avoir du mal à trouver son public en France, car le film est pensé pour plaire en premier lieu aux spectateurs de Broadway, multipliant par exemple les caméos au milieu d’un excellent casting. Se faisant, il réduit lui-même la portée que lui offrait le média cinématographique et attenu donc celle de son message autour de la représentation culturelle. Quoi qu’il en soit, n’hésitez pas à aller vous faire votre propre avis en salle.
Réalisé par Jon M. Chu
Avec Anthony Ramos, Leslie Grace, Corey Hawkins…
USA – Comédie musicale
Sortie en salle : 23 juin 2021
Durée : 2h 23min