L’apprentie sorcière
Kezako ?
Les enquêteurs paranormaux Ed et Lorraine Warren se lancent dans une affaire terrifiante de meurtre et de présence maléfique mystérieuse. Pourtant très aguerris, ils sont très ébranlés par cette enquête. Ed et Lorraine commencent par se battre pour protéger l’âme d’un petit garçon, puis basculent dans un monde radicalement inconnu.
La critique d’Eugénie – 4/10
Les dossiers Warren comptait certains des meilleurs jump scare du cinéma, Le cas Enfield dépassait les codes du genre pour proposer une expérience esthétique et les deux apportaient un renouveau bienvenu autour des exorcismes… Sous l’emprise de Diable fait tout juste le taff, et encore, il y a erreur sur la commande !
Les précédents opus évitaient pourtant habilement certains pièges en axant leur scénario autour du travail d’investigation des Warren, visant à récolter des preuves de possession, soit pour demander un exorcisme auprès de l’Eglise, soit pour la presse. L’angle judiciaire et son intrigue à rebours était donc non seulement originale, mais pouvait amener des éléments de thriller pour réinventer la mise en scène horrifique autour d’une question fascinante : Comment les Warren vont-ils prouver une possession démoniaque devant un jury ? Rassurez-vous, je ne pourrais pas vous donner la réponse même si je le voulais, parce que le film ne le fait pas non plus ! Point de Diable ni de preuves, le pitch n’est qu’un prétexte pour revenir sur des rails bien classiques, en multipliant néanmoins des intrigues secondaires dont on se fout. Et deux heures sur un trajet que l’on connait déjà avec des arrêts en milieu de voie, Dieu que c’est long !
Bien sûr, on aurait pu passer outre cette déception si le film avait assuré le show derrière, mais il échoue aussi à étendre de façon satisfaisante la mythologie de son univers. L’intrigue s’articule autour du culte satanique et de la sorcellerie en repompant tous les clichés de ces mythes, avec un traitement tellement simpliste qu’on se croirait presque dans un épisode des Nouvelles Aventures de Sabrina de Netflix. Des choix qui sont accentués par la direction artistique !
Michael Chaves a beau essayer de le copier, il n’est PAS James Wan (Saw, Insidious, Aquaman) et, hormis quelques scènes sympathiques, il n’atteint jamais le niveau de proposition esthétique de son prédécesseur.
Pire, Conjuring 3 aborde frontalement l’une des plus grosses faiblesses de la franchise là où le deuxième volet avait l’intelligence de la conserver au second plan : la gestion des sentiments. Le film mettant bien plus en avant – et trop – le couple des Warren, on tombe inévitablement dans la niaiserie du « power of love », amené avec la subtilité d’un Rambo sous cocaïne ! Attendez, je me suis trompée de salle, je voulais voir Conjuring et pas The Notebook.
Mais de tous les reproches qu’on peut faire à cette suite, la plus grave est (à mon sens) qu’il ne fait absolument pas peur ! Et pourtant il essaye, mais avec grossièreté, en planquant 90% de ses plans dans le noir et en balançant des jump scare au timing maladroit qui ne fonctionnent jamais.
Une fois encore, une saga initiée par James Wan se retrouve charcutée par d’autres. Conjuring: Sous l’emprise du Diable remplit peut-être les codes du genre et pourra contenter une part du public, mais il a renoncé à la beauté et à l’efficacité de ses ainées. James, s’il te plaît reviens !
Réalisé par Michael Chaves
Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Ruairi O’Connor etc.
USA – Épouvante-horreur
Sortie en salle : 9 juin 2021
Durée : 1h 52min