Adieu les cons

La mécanique du cœur

Kezako ?

Lorsque Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade, elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out.

La critique d’Eugénie – 8,5/10
♥ Coup de cœur

Quel plaisir de retrouver la salle de cinéma et quel bonheur et d’y découvrir en première séance un film de la qualité d’Adieu les cons !
Une fois encore, Dupontel transforme l’essai et livre un petit trésor pour le cinéma français, dont la richesse est autant esthétique qu’émotionnelle.

C’est une valse à mille temps qui nous parle de nos temps modernes dont le réalisateur fait une critique à travers sa folle course-poursuite au dénouement inévitable. Mais l’indignation, la colère désabusée, le désenchantement qu’il exprime pour un système déraillé ne prend jamais le pas sur l’humanité de son récit. La satire reste subtile et évite le piège du militantisme manichéen par une parfaite maîtrise de l’humour absurde. Ainsi, le film trouve le chemin du rire même quand ses situations se prêtent davantage aux larmes, ce qui renforce son message. On rit de la bêtise, de l’injustice et de l’aliénation d’une société déboussolée quand bien même elles nous indignent et on pardonne aussi les fautes des personnages parce qu’on comprend leur point de vue subjectif, imparfait, limité par leur nature.

Cette compassion, cette tendresse pour ses personnages égarés, Dupontel nous la transmet via son superbe travail écriture et sa réalisation. Car au-delà d’un casting impeccable, tant du côté des têtes d’affiche que des seconds rôles et des jouissifs caméos humoristiques, la caméra vient parfaitement épauler les acteurs et traduit son amour du jeu. L’image nous immerge pleinement dans les émotions des protagonistes pour nous permettre de les partager et d’en éprouver d’autres, diverses et parfois contradictoires, et mieux nous cueillir au bon moment par des séquences d’une grande poésie humaine.  

Une fois encore, Albert Dupontel expérimente, soigne la composition de ses plans, travaille la lumière et la photographie pour transcender son récit. Certaines tentatives sont encore maladroites, pas toujours justifiée ou indispensables à la lecture des scènes, mais quel plaisir de voir un réalisateur français aller haut-delà du simple champ, contre-champs.

Après 9 mois ferme et le sublime Au revoir là-haut, Dupontel s’affirme une fois encore comme le clown triste du cinéma français, un funambule cultivant l’équilibre entre humour et drame et l’expérimentation esthétique qui ne laisse jamais son spectateur indifférent.


Réalisé par Albert Dupontel
Avec Virginie Efira, Albert Dupontel, Nicolas Marié etc.
France – Comédie, Drame
Sortie en salle : 21 octobre 2020 – Reprise le 19 mai 2021
Durée : 1h 27 min