Wonder Woman 1984

Super flop

Kezako ?

Depuis la fin de la Première Guerre mondiale, Diana Prince s’est intégrée à la civilisation et continue sa vie parmi les humains tout en continuant de revêtir le costume de Wonder Woman. En 1984, Diana se lie d’amitié avec Dr Barbara Ann Minerva et découvre une pierre mystérieuse qui semble exaucer les souhaits et réveiller l’avidité de certains. Diana devra composer avec ses désirs et son devoir pour affronter de nouvelles menaces.

La critique d’Eugénie – 2/10

Il y a des films aux développements houleux, que la production même condamne d’avance (hum hum Justice League 1ère version). Mais là, Patty Jenkis revient aux manettes pour la suite des aventures de la célèbre Amazone avec, il semblerait, plus de liberté que sur le premier volet, où la production lui avait imposé la bataille finale et son horrible bouillie numérique. Alors comment expliquer cette passation de flambeau, d’un film imparfait mais très plaisant, à une hydre aussi hideuse qu’idiote ? Le peuple exige une explication Patty !

Donc, nous retrouvons Diana Prince en 1984, année mentionnée jusque dans le titre du long-métrage alors même qu’elle n’en impacte ni l’action, ni l’esthétisme, mis à part les décors en carton-pâte et la (jolie) garde-robe de l’héroïne. Même pour l’effet nostalgie façon Stranger Things, on repassera, tant ce Wonder Woman est visuellement paresseux. Certes, les couleurs saturées apportent un peu de peps à l’image, mais celle-ci est entachée dans toutes ses scènes d’action par une CGI claquée qui leur donne un aspect bizarrement parodique. Malheureusement, ce WW84 n’est pas Aquaman et, contrairement à ce dernier, n’assumera jamais totalement ses aspects les plus WTF, le classant plus dans la catégorie des navets que des nanars.

Ainsi, alors qu’on critiquait la bataille finale du premier volet, on pourrait se plaindre de toutes celles du second ! D’une poursuite en voiture saccagée par un montage amateur à un combat final contre un évadé de Cats en passant par une amure numérique bling bling, il n’y a pas grand chose à sauver de ce cru, car même les rares fulgurances – la scène d’ouverture à Themyscira, celle de la Maison Blanche ou l’envol de Wonder Woman – sont diminuées par la mauvaise qualité des effets spéciaux et/ou des chorégraphies des combats ! Et le pire, c’est que les fameuses scènes arrivent à plus de la moitié du film… Et nom de Zeus, que c’est long !

D’autant que le film n’est pas aidé par son casting. Pablo Pascal cabotine à outrance, surtout dans le dernier acte, et nous fait regretter son casque de Mandalorian. Quant à Gal Gadot, elle est toujours aussi incroyablement belle, mais la question de ses aptitudes en tant qu’actrice commence à se poser. Seul Chris Pine s’en sort honorablement et apporte même un peu de fraîcheur en prenant la position qui était celle de Diana dans le premier opus.
Mais les défauts d’interprétation des personnages ne sont que les conséquences de la piètre qualité de leur écriture, qu’il s’agisse de la caricature mégalo de Maxwell Lord ou de Barbara qui nous ressort le cliché de la fille « gentille mais invisible » qui devient « trop canon » quand elle laisse tomber ses lunettes, mais à la sauce super vilain, soit un modèle déjà vu et revu dans les itérations cinématographiques de Catwoman, Poison Ivy, Electro et Jean Passe (#humour).

Car le gros problème de Wonder Wonder 1984, s’est bien son écriture tout entière. Le film est affublé d’un scénario plus mal fichu qu’une fanfiction, et encore, c’est dégradant pour les fanfictions, car il regorge d’erreurs que même un amateur aurait pu éviter pourvu qu’il ait vu quelques films ou lu quelques livres dans sa vie ! Là, on est sur des erreurs de débutant, celles d’auteurs n’ayant aucune notion du « setup & payoff ». Concrètement ? Le film n’installe rien ou si peu, et si mal. Les péripéties ne font qu’aligner un nombre absurde de hasards. Les pouvoirs de Diana pope un peu au grès de ses envies, tout comme les éléments pour faire avancer l’intrigue, que ça soit le « mec qui sait des trucs » qui passe une tête pile au bon moment, ou des plans inopinément exposés pour qu’un personnage tombe dessus. Dans le même esprit, la temporalité et les distances des trajets sont inexistantes, mais les moyens de transports, eux, toujours bien à disposition (et avec le plein s’il vous plait).
Quant au McGuffin autour duquel s’articule l’histoire, la fameuse Pierre des Rêves, elle est à l’instar de tout le reste, bordélique, et atomise la suspension consentie de l’incrédulité par le nombre démentiel d’incohérences qu’elle créait. Dommage, car là résidaient pourtant les quelques idées du film, à savoir la difficulté de « choisir entre le bien et la facilité » (cf. Dumbledore) et la critique sous-jacente du modèle exponentiel, et donc autodestructeur, du capitalisme. Sauf que la Pierre est, à l’instar de son propriétaire, victime de son ambition mégalo, qui en voulant rendre son impact mondial, s’embourbe dans les contre-sens. Rassurant de savoir que sur les milliards d’êtres humains, aucun n’aura demandé la paix dans le monde (petits égoïstes que nous sommes va) mais que ceux ayant souhaité guérir de leur cancer, par exemple, accepteront d’y renoncer après le speech de l’Amazone. La crédibilité a mal aux fesses.
Ah, et dans la veine des trucs débiles, quelqu’un a compris pourquoi Steve se réincarne dans le corps d’un autre mec ? Et personne ne s’inquiète d’où est passée « l’âme » du pauvre gars ? Non, on s’en fout ? OK on s’en fout. Finissons plutôt par une scène inspirée de Love Actually, la cohérence s’est surfait !

Bref, Wonder Woman 1984 est long, pas très bien joué, extrêmement mal monté et incroyablement mal écrit. Une bien triste suite pour Diana, mais aussi pour le genre qui peine encore à faire de « grand » film de super-héroïne. L’échec du long-métrage est d’autant plus rageant à l’aune des opportunités qu’il échoue à exploiter, car oui, WW84 en avait plusieurs, mais sont à l’image de sa scène post-générique : une bonne idée ne sert pas à grand chose sans une bonne exécution.


Réalisé par Patty Jenkis
Avec Gal Gadot, Chris Pine, Kristen Wiig, Pedro Pascal etc.
USA – Super-héros, Action, Aventure
Sortie en salle : 31 mars 2021
Durée : 2h 31 min