The Crown saison 4, le joyau de netflix

La Reine d’Angleterre, la Princesse des Cœurs & la Dame de Fer !

Kezako ?

Dans les années 1980, Élisabeth fait face à la Première ministre Margaret Thatcher, tandis que le prince Charles connaît un mariage tumultueux avec Lady Diana Spencer.

La critique d’Eugénie – 9,5/10
♥ Coup de cœur

La saison 3 avait laissé un sentiment mitigé, celui d’une copie propre, mais sans surprise. Cette saison 4 est, à son contraire, non seulement la quintessence de The Crown mais la couronne « meilleure série de 2020 » ! Clairement, je vais manquer de superlatif pour désigner ce grand chef-d’œuvre du petit écran !

Pour ce qui est de l’histoire, London’s calling la famille royale dans les années 80, marquées par une violente crise économique et l’arrivée au pouvoir de la rigide Margareth Tacher alors que le Prince Charles convole en (justes ?) noces sous les yeux d’un pays touché par sa nouvelle princesse.
Cette saison étant bien plus riche en évènements historiques que la précédente, les scénaristes s’en donnent à cœur joie et délivrent une relecture jouissive, romancée mais plutôt fidèle du passé, à la lumière de notre présent. Un brin plus manichéenne, elle n’en devient pourtant que plus fascinante à mesure que les éléments du drame s’installent, dont l’apothéose se fera pourtant attendre encore au moins un an.

Et si la série nous a habitués à des standards esthétiquement hautement qualitatifs, elle joue aujourd’hui dans une toute autre catégorie ! Cette saison 4 est un exercice de style cinématographique qui illustre comme jamais le fameux « Show, don’t Tell » !
Du montage millimétré qui nous livre des séquences d’une beauté à couper le souffle, comme lors d’une partie de « chasse » où les « proies » ne sont visées que par l’image et le son, aux musiques expressionnistes en passant par la composition de l’image d’une rare intelligence, The Crown se transcende à chaque épisode, comme inspiré par ses personnages.

Car cette saison est plus que jamais celle de trois femmes aux destins d’exception : la Reine, la Princesse et la Première Ministre.
Elizabeth II, superbement interprétée par Olivia Colman, cède cependant du terrain aux nouvelles entrantes. À nouveau, aucune erreur de casting n’est à déplorer. Gillian Anderson, déjà excellente dans X-Files et Sex Education, délivre une performance incroyable dans le rôle de Margareth Thatcher. Le travail de la diction, notamment, est proprement stupéfiant en comparaison d’images d’archives. 

Mais le coup d’éclat de la série est le même de celui de l’histoire, l’ouragan Diana.
Emma Corrin, à l’instar du reste du casting, s’attache au mimétisme dans son jeu, travaillant autant ses postures, sa gestuelle, ses tics et intonations pour incarner le personnage au-delà des ressemblances physiques. Mais l’actrice bénéficie aussi des plus beaux plans de la saison. Tour à tour prise pour cible, simple trophée ou démon menaçant l’establishment, enfermée dans la spirale infernale d’un traveling compensé ou prisonnière des plans dans le cadre, tout est dit sans jamais avoir besoin de l’expliquer. Le son et l’image jouent avec le destin de son sujet, tout comme la lumière qui tantôt sublime la Princesse, tantôt assombrie la fille, brûle la femme ou vient la faucher en plein élan… J’ai déjà dit que cette saison était belle ou pas ?

En parlant d’ombre, un autre personnage s’y déploie alors que Josh O’Connor dévoile le côté obscur du Prince Charles, conséquences des fêlures exposées en saison 3, tout comme Tobias Menzies qui donne du corps aux coups de gueule du Prince Philippe.
The Crown agence ainsi peu à peu les éléments de sa tragédie, s’appuyant toujours sur des dialogues brillants, féroces, cinglants voir brutales et qui se répondent d’un épisode à l’autre. J’ai déjà dit que cette série était intelligente ou pas ?

Alors certes, en comparaison du reste, les quelques ratages de The Crown sont d’autant plus visibles, comme la grossière CGI d’un cerf ou une baisse d’intérêt sur quelques épisodes, mais on lui pardonne volontiers ses quelques imperfections pourvu qu’elle nous garde sa virtuosité, car aucune autre série n’en montre autant !


Créé par Peter Morgan
Avec Olivia Colman, Gillian Anderson, Emma Corrin, Josh O’Connor, Tobias Menzies
USA, UK – Drame, Biopic
Saison 4 (10 épisodes) diffusée depuis le 15 novembre 2020 sur Netflix
Durée par épisode : 49–60 minutes