En surplace
Kezako ?
Ian et Barley ont perdu leur père très tôt. Ils habitent une ville de banlieue peuplée de créatures fantastiques mais dont la magie ancestrale a peu à peu disparu. Les deux jeunes frères partent à sa recherche dans l’espoir de passer un dernier jour avec leur père
La critique d’Eugénie – 7,5/10
Nouveau né de la lampe Luxo, En avant fait bien peu de bruit pour un film Pixar. Certes, l’épidémie de coronavirus semble faire son chemin en France et doucement mais surement vider les salles de cinéma, mais au-delà du contexte, il semble que le scénario en lui-même soit moins séduisant.
De fait, si Disney réinvente des classiques avec brio, la renommée de Pixar s’est davantage faite sur sa capacité à proposer des histoires originales, repoussant les frontières de l’imaginaire pour proposer des films qui, comme Toy Story, Monstres et cie, Wall-E ou encore Vice-Versa, ne ressemblent à aucun autre. Mais dès les bandes-annonces, le long métrage réalisé de Dan Scanlon souffre d’un air de déjà-vu décevant : l’histoire du voyage initiatique de deux frères (La Reine des Neiges), dans un monde fantaisiste un brin parodique (Shrek), cherchant à retrouver un parent absent (disparu ou ensorcelé) (Coco, Le Monde de Nemo/Dory, Rebelle etc.). Ajouter à cela un style graphique qui, bien que superbement exécuté, ne propose rien de vraiment nouveau, et la hype habituelle accompagnant la sortie d’un Pixar devient une vague curiosité tiédasse.
Dommage car En avant est un bon film ! Et s’il ne s’érige effectivement pas au niveau créatif de certains de ses illustres ainés, il n’en conserve pas moins de beaux arguments.
Ainsi, malgré une construction de scénario on ne peut plus classique, son exécution fourmille d’idées ingénieuses, souvent désopilantes quand il ne touche pas au génie par certaines fulgurances, la plupart concernant la présence et l’animation du « père ». Un élément vital à l’intrigue qui n’a pas été dévoilé dans la promotion et qui pourtant se révèle l’atout majeur du film, tant par sa capacité à créer des enjeux que par son concept complètement barge.
Du reste, En avant remplit plutôt bien le cahier des charges Pixar : quelques moments d’émotion, une bonne d’ose d’humour (#Guenièvre), de très bons personnages secondaires et surtout une excellente caractérisation des deux principaux. Les frères Ian et Barley sont en cela une vraie réussite qu’ils sont touchants de réalisme, aussi justes dans leur dynamique fraternelle que leurs individualités et bien plus complexe, par exemple, que les frangines Anna et Elsa qui recyclent des personnalités made in Disney bien éculées. Une fois n’est pas coutume quand elle s’agit d’animation, je conseillerais même de voir le long métrage en version originale car la création de personnages à partir des voix de Tom Holland et Chris Pratt est stupéfiante, comme si les réalisateurs avaient su retranscrire l’essence et les personnalités des acteurs.
Malheureusement, le film se plante dans sa gestion du rythme, notamment avec un début un laborieux et une conclusion expéditive, et se révèle maladroit avec dans ses niveaux de lecture, le message sur la famille sentant le réchauffé et celui sur la paresse induite par la technologie, le déjà-vu.
En avant ne se s’affranchit ainsi jamais vraiment de la comparaison avec les autres Pixar alors que par certains aspects il ressemblerait plus à un Disney classique, plus proche du sympathique Les Mondes de Ralph, que du bouleversant Là-haut !. Cela étant dit, il s’inscrit dans une moyenne tout ce qu’il y a d’honorable et mérite le déplacement en salle, on attendre simplement la sortie de Soul en novembre prochain pour voir si Pixar sait encore toucher au sublime.
Réalisé par Dan Scanlon
VO : Tom Holland, Chris Pratt, Julia Louis-Dreyfus, Octavia Spencer…
VF : Thomas Solivérès, Pio Marmaï, Juliette Degenne, Maïk Darah…
USA – Animation
Sortie en salle : 4 mars 2020
Durée : 1h 42min