Top 5 des meilleures séries selon Eugénie & Marcellin

Qu’on se le dise tout de suite, il ne s’agit pas d’établir objectivement le classement des meilleures séries de tous les temps, tout simplement parce que c’est impossible !
Les séries sont plus que jamais devenu un 8ème art en soi, tant par leur format, leur médium et leurs propos. Et comme tout élément de culture, elles sont susceptibles à un moment donné de nous influencer, d’entrer en résonance avec nos goûts, nos pensées, notre vision artistique et par là même, de les refaçonner !
Eugénie et Marcellin ont sélectionné les cinq séries qui ont réussi à marquer nos vies au point de devenir des piliers de notre culture audiovisuelle.

Les n°5 : Malcolm VS Strangers Things

Le choix de Marcellin : Malcom – Cette série n’est pas la plus visuelle, la plus poétique ou encore la plus complexe mais c’est sans aucun doute la plus efficace. Malcolm et sa famille nous aura fait rire aux larmes, nous entraînant dans leur vie trépidante à chaque nouveaux épisodes. Aussi affligeant que touchant, chaque membre de cette tribu a agit sur nous comme une madeleine de Proust, rappelant à chacun d’entre nous des souvenirs d’enfances plus ou moins glorieux ! La parcours atypique et délirant de cette middle class était une réjouissance télévisuelle, où il suffisait de profiter d’une bonne série et de son humour décalé. Dénuée de toute prétention, Malcom est un irrésistible moment à passer ; c’est d’ailleurs une des rares séries que je pourrais visionner ad vitam aeternam ! Chaque personnage est hilarant, créant un ensemble d’une délicieuse impertinence et une bonne dose d’antidépresseurs ! Cette série est juste dans  absolument tous ses aspects, et elle a su viser dans nos cœurs, en plein dans le mille 😉

La sélection d’Eugénie : Strangers Things – Beaucoup d’appelés mais peu d’élus…. Parmi l’excellent cru sériephile de ces dernières années, WestworldHandmaid’s Tale et Black Mirror auraient toutes pu prétendre à la cinquième place bien que pour des raisons différentes, mais c’est finalement Strangers Things qui s’est imposé (malgré une saison 3 très décevante) ! Là où j’attends encore des autres qu’elles passent l’épreuve du temps, la série des frères Duffer a réalisé un véritable hold-up en devenant culte dès sa première saison ! On pourrait chanter les louanges du casting, la qualité de l’image et des effets spéciaux, de la photographie, de la bande originale et du scénario, mais on ne va pas se mentir… si Strangers Things se classe aussi haut, c’est parce qu’elle joue la carte de la nostalgie ! Avec son univers délicieusement vintage, la série nous replonge dans les années 80, celle de E.T. et des Goonies, d’Alien et de The Thing avec une touche de mystère à la Stephen King qui lui donne tout son charme rétro, singulier et angoissant !

Le n°4 : American Horror Story VS Malcolm & Sex and the City

Le choix de Marcellin : American Horror Story – Il fallait bien assouvir mon côté sorcière dans ce classement ! Et je suis ravie de faire un double hommage à Ryan Murphy, que j’estime comme un très grand showrunner. Je dois l’avouer, AHS est une série assez inégale. La première saison fut un véritable coup de cœur, et cette passion a eu tendance à évoluer en dent de scie. Pourtant elle réussit à être constante sur un point : le traitement de la peur. Sorcières, fantômes, freaks, fin du monde… AHS parcourt avec curiosité et dévouement des sources de peur liées au genre humain. Je me dois donc de saluer sincèrement cette volonté de créer une série horrifique digne de ce nom. Pourtant, l’enchaînement des différents chapitres connaît des moments de flottement, de déjà vu, et même d’excès. Certaines saisons, qui pourtant s’avéraient très prometteuses par leur choix de thématiques, furent d’amères déceptions quant aux parti pris scénaristiques.
Malgré cela, AHS est un véritable bijou visuel, et s’intéresse à des sujets très peu exploités dans des séries télévisées (du moins avec brio !). L’ensemble regorge de multiples qualités : personne ne peut rester de marbre face à une telle oeuvre. Nous passons par toutes les émotions possibles : le rejet, la peur, le rire, le désir… AHS est une véritable expérience télévisuelle !
Et elle ne s’arrête pas en si bon chemin. Car au delà de nous jeter en pâture à une horreur pure et simple, la série s’abreuve d’une dimension politique et sociale. Un engagement qui se distille tout au long des saisons et que je vous laisse découvrir 🙂
Car comme disait Coluche : « l’horreur est humaine« 

La sélection d’Eugénie : Malcolm ex aequo Sex and the City – Bon, je sais que des ex aequo c’est un peu de la triche, mais je suis incapable de choisir entre ces deux séries qui n’ont en commun que l’humour et le fait que je ne m’en lasse toujours pas malgré les rediffusions. Entre histoire de famille déjantée et aventures décomplexées entre copines, toutes les deux ont marqué leur genre et leur époque. La famille de Malcolm venait trancher avec toutes celles des sitcoms bien proprettes par son irrévérence à la limite du parodique, et si Sex and the City a moins bien vieilli, elle reste pionnière dans sa représentation des femmes et de leur sexualité ! Si je ne devais adresser qu’un mot à ces séries, ce serait merci ! Merci pour Hal et Miranda, pour Dewey et Samantha et pour ces innombrables fous rires !

Le n°3 : Skins VS Game of Thrones

Le choix de Marcellin : Skins – « On est pas sérieux quand on a dix-sept ans« . C’est à cet âge plein de revendications que j’ai découvert LA série qui m’a fait réaliser qu’être un ado est un doux fléau. L’adolescence, cette période de transition d’une brutalité qu’on connaîtra qu’une seule fois dans sa vie. Cette époque moyen-âgeuse où l’on oscille entre ombre et lumière. Encore aujourd’hui, Skins reste à mes yeux la seule qui a su retranscrire ce sentiment étrange de vouloir faire comme les autres tout en se sentant seul au monde. La série construit à travers tous ses protagonistes une palette incroyable de personnalités que l’on a tous plus ou moins connus durant notre adolescence. Cette pluralité nous offre l’occasion de voir porter à l’écran des instants, des pensées, des actes qui faisaient de nous des êtres si mystérieux. Skins arrive à combiner fantasme et réalité, celle d’une liberté dont nous rêvions et celle de la condition à laquelle nous appartenions. Des thèmes tabous tels que la drogue, le sexe, le suicide mais aussi plus honorables tels que l’amour, l’amitié et la confiance participent à créer la grandeur de cette série. Ils s’entrechoquent, se lient et se délient pour tout simplement faire réaliser à son spectateur toute la complexité d’un âge que l’on pensait bête et inutile. Et pourtant, c’est de cette ère que nous avons tiré l’adulte que nous sommes.

La sélection d’Eugénie : Game of Thrones – Ne t’en déplaise Marcellin mon poussin, mais Skins aurait plus sa place dans le classement de mes plus grosses déceptions. Après trois saisons hypnotiques, la quatrième a laissé tomber toute volonté de crédibilité et m’a perdue par la même occasion… Nope, ma médaille de bronze va à une série qui a fait couler beaucoup d’encre, à juste titre, ces dernier mois. De fait, Game of Thrones aurait pu être mon numéro 1 sans deux dernières saisons très décevantes (voir catastrophiques). Mais malgré le nivellement de l’écriture, le fait est qu’aucune oeuvre de fiction ne m’a procuré autant d’excitation et d’impatience depuis mes émois adolescents lors de la trilogie du Seigneur des Anneaux ou la sortie des livres Harry Potter ! Je n’ai jamais fait grand mystère de ma passion pour l’heroic fantasy, mais l’adaptation du Trône de fer a satisfait bien plus que mes attentes en tant que lectrice. Elle a donné une nouvelle ampleur à la soif de magie et d’aventure et nourrit les cerveaux reptiliens avides d’intrigues et de complots politiques tout en cultivant l’imprévisibilité et la mise à mal du manichéisme. Dommage seulement que les saisons 7 et 8 n’aient pas su maintenir ce niveau d’exigence…

Le n°2 : Mindhunter VS Kaamelott

Le choix de Marcellin : Mindhunter – Une plongée radicale dans les tourments des êtres humains les plus infâmes, ça vous dit ? Bienvenue dans le délicieux monde de la série Mindhunter. Il s’agit d’une des dernières merveilles produite par le talentueux David Fincher, sur un sujet qu’il affectionne particulièrement : les serial killers !
Le réalisateur nous délivre une série d’une intensité dramatique exceptionnelle, teintée d’un réalisme époustouflant, tant par le contexte de l’époque (le début du profilage), que par l’interprétation des acteurs incarnant les tueurs les plus notables de ces dernières décennies. Avec le créateur Joe Penhall, Fincher s’intéresse ici aux débuts complexes de cette technique visant à pénétrer les esprits tourmentés au sein même des institutions carcérales. Et quelle tâche attend ces inspecteurs ! Tenter de faire comprendre au commun des mortels, comment un être humain peut commettre des actes si abjectes sur ses pairs. La série se transforme ainsi en quête, celle visant à rationaliser l’inconcevable, à comprendre l’inimaginable. Mindhunter nous présente ainsi un duo de flics, sillonnant les routes pour prêcher la bonne parole auprès de collègues locaux, mais également se confronter directement à ces criminels afin (tenter) de comprendre leurs actes. Deux aspects majeurs font de cette oeuvre une série incroyable : ces personnages aux antipodes les uns des autres qui se confrontent sans même se comprendre, mais qui vont chacun, à leur mesure, jouer un rôle majeur. Et surtout, ces criminels, froids, effrayants, fascinants, interprétés avec brio par des acteurs de choix. Mention spéciale à Cameron Britton, jouant un Ed Kemper troublant de justesse.
On reconnaît ici la griffe Fincher : mise en scène au millimètre, des dialogues ciselés, une photographie soignée…
Chaque épisode nous montre le potentiel gigantesque de cette série, et je trépigne d’impatience de découvrir la suite de cette épopée si singulière…

La sélection d’Eugénie : Kaamelott Direct en second place du classement on retrouve non seulement une série humoristique mais aussi à une série française (la seule du classement – COCORICO) ! Et pas n’importe quelle série s’il vous plait, celle de Môssieur Alexandre Astier, notre gourou à tous, digne héritier d’Alain Chabat ! Kaamelott est une pépite d’humour, d’écriture et d’absurde. Avec ses personnages incroyables et ses répliques cultes, la série a même réussi le pari de changer de ton en cours de route et d’évoluer de façon à ne jamais être redondante (contrairement au céleri). Kaamelott est sans conteste LA série que je peux regarder en boucle indéfiniment et qui me fera toujours rire. Allez, qui veut faire un cul de chouette avec moi ?

Le n°1 : Nip/Tuck VS Buffy contre les vampires

Le choix de Marcellin : Nip/Tuck – Rares sont les séries qui sont dotés d’un magnétisme si déroutant. La grandeur de Nip/Tuck réside dans sa capacité à associer les thèmes les plus opposés :  le fantasme et la désillusion, l’amour et la haine, l’attractivité et le rejet… Tout ceci dans une précision quasi chirurgicale.
Enfermé un cocon en papier glacé, au plus haut de leur tour d’ivoire, ces personnages riches, beaux et séduisants arrivent successivement à nous dégoûter comme à nous fasciner. A travers ses protagonistes, NIP/TUCK parle ainsi de quêtes : d’identité, d’immortalité, de plaisir, de gloire… Ryan Murphy les détruit progressivement, en confrontant ces élites à une réalité brutale qu’ils pensaient loin d’eux. On perçoit ainsi tout au long de la série la mince frontière qui sépare la beauté de la laideur la plus abjecte.
Nip/Tuck était à sa sortie un véritable OVNI, abordant à l’écran de façon explicite des sujets tabous tels que le sexe, l’homosexualité, le transexualisme, le sadomasochisme… La série était d’un cynisme magistral, tout en y apportant une dimension tragique bouleversante. Nous nous délections à chaque épisode des frasques du Dr. Troy, de la vie (presque) normale du Dr. Mcnamara et de tous ces patients plus incroyables les uns que les autres. Tout en soignant l’esthétique de sa série, Murphy arrive à nous plonger dans les abîmes de l’être humain ; sa peur, ses désirs, ses hontes. Immersion dans un enfer aux portes dorées, dont on ne revient pas indemne.

La sélection d’Eugénie : Buffy contre les vampires Josh Whedon, je vous aime ! Buffy m’a forgée plus que je ne saurais le dire. Déjà car ce fût une première vision du féminisme à un âge où prédominaient encore les princesses Disney, et aussi car c’est fut la première notion de ce qui peut faire une grande série ! Épique et psychologique, il n’y a rien que Buffy n’est pas réussi ! Des héros tous devenus cultes, des méchants iconiques (big love au couple Spike/Drusila), des antihéros (Faith et re-Spike), des scènes d’action, des envolées épiques, des séquences tragiques (Innocence, Orphelines, L’Apocalypse), de l’humour, des évolutions personnelles et des dynamiques de groupe, de l’amour, des défaites et des victoires… Bref, l’importance de Buffy à l’échelle des séries télévisuelles n’est plus à démonter ! Josh Whedon a littéralement inventé le concept des bad guys récurrents sur toute une saison mais c’est aussi livré à de nombreux exercices de style dont l’héritage se perpétue encore aujourd’hui. On notera entre autre l’épisode muet (Un silence de mort – saison 4), celui des rêves (Cauchemar – saison 4), de la folie (A la dérive – saison 6), en mode comédie musicale (Que le spectacle commence – saison 6), et le plus poignant de tous, The Body (maladroitement renommé Orphelines en VF – saison 5) qui reste la plus brutale interprétation de la mort et du deuil sur le petit écran, parce que la plus réelle !
Mais il n’est pas possible de parler de Buffy sans parler du féministe complètement assumé de la série ! Si les personnages féminins ont tous une place centrale, le thème principal même repose sur la mise à bas du patriarcat et des préjugés sexistes. Loin de les nier, la série préfère les intégrer, les nuancer, les interpréter et finalement, les démentir. Parce que oui, une femme peut être forte et sensible ! Oui une héroïne peut être généreuse et violente ! Oui une femme peut être amoureuse sans être définie par son love interest ! Oui une personne invincible peut être vulnérable !
Avec son lot de réflexion sur le pouvoir, l’héroïsme et la sexualité, la série présente en sus une excellente allégorie de l’adolescence et par la suite, du passage à l’âge adulte. Buffy a dissimulé derrière un pitch putassier et un brin ridicule, une pom pom girl qui démonte du monstre, la série la plus travaillée et symbolique des années 90 !