Dumb and Dumbo
Kezako ?
Les enfants de Holt Farrier, ex-artiste de cirque chargé de s’occuper d’un éléphanteau dont les oreilles démesurées sont la risée du public, découvrent que ce dernier sait voler…
La critique de Marcellin – 4/10
Tim Burton a décidément passé l’arme à gauche. Il oublie dans cette adaptation de Dumbo la quintessence même de l’ensemble de son oeuvre, de son identité : la noirceur féérique. Aseptisée par une production Disney, Tim Burton semble s’être perdu dans une oeuvre gentillette qui ne laisse place à aucune histoire.
Quand le dessin animé nous apportait une émotion tout en finesse et pourtant très intense, le film n’est qu’une interprétation gonflée d’effets spéciaux et de parures visuelles pour détourner le spectateur de tout propos. Les scènes originelles incarnés par le film ont perdu toute leur essence et leur beauté, car là où le dessin animé créait la surprise par sa simplicité et sa légèreté, ici on s’abreuve du too much. Aucun rôle ne sort du lot, et l’ensemble du film n’est voué qu’à créer un bon film pour enfant (supposé) plaire aux adultes. Les seules choses positives sont les costumes, éblouissants, toujours mis en valeur par la talentueuse Colleen Atwood, fidèle aux oeuvres de Burton. La force du film s’exprime d’ailleurs par la mise en scène globale de l’univers du cirque, avec ses curiosités et ses surprises. Une scène aurait également mérité plus d’intérêt, car en quelques minutes, on aperçoit un bourgeon du talent que l’on connaît de Burton : quand un cache cache se transforme en train fantôme. Irrésistible, mais bien trop écourté.
Et pourtant je suis bien moins déçue que ma chère Eugènie, pour une seule et bonne raison : je n’attendais rien de ce film. Et c’est finalement ce que j’ai récolté…
La critique d’Eugénie – 3/10
Détrompes-toi Marcellin, je n’attendais rien de ce film ! J’avais simplement un mauvais pressentiment… Et c’est désormais officiel, Tim Burton est mort ! De l’âge d’or créatif des années 90, c’est en connaissant un succès plus grand public dans les 2000 que son oeuvre a commencé à diviser. Même parmi les fans de la première heure, Big Fish, Charlie et la Chocolaterie, Les Noces funèbres et Sweeney Todd n’ont jamais fait l’unanimité – et si vous voulez mon avis sur ces films en un mot : j’adore le premier, beaucoup les deux suivants, déçue par le dernier. Mais le déclin est consacré dès le tristement célèbre Alice au Pays des Merveilles, point de départ d’une bien sombre décennie pour un réalisateur qui, anciennement novateur, semble ne plus savoir s’adapter à une époque et un public qui ne se retrouve plus dans ses longs-métrages. Pourtant, je n’ai pas été de ceux prompts à le vilipender dès la sortie de la Planète des Singes. Je lui ai conservé ma confiance dans l’espoir qu’il livre à nouveau un film de l’ampleur de ceux de mon enfance. Mais loin d’une renaissance, cette adaptation de Dumbo m’évoque davantage un serial killer revenant sur les lieux du meurtre – ou ici, dans le giron de Disney !
Pour sa défense, il faut dire que l’exercice n’était pas aisé. Dumbo est le plus court des classiques d’animation Disney et se conçoit davantage un vecteur de poésie enfantine et d’émotion que de grande aventure. Malheureusement, les ajouts scénaristiques semblent scotchés à un cahier des charges trop lourd et ce Dumbo tient plus d’une créature de Frankenstein aux multiples rapiéçages qu’à une oeuvre entière.
Le contenu du dessin animé est expédié en une demi-heure impersonnelle et sans âme – là où l’animation livrait l’une des scènes les plus tire-larmes de toute la firme – avant d’enchainer sur une phase de transition interminable et un second acte aux choix douteux !
Du jeu discutable du casting à la niaiserie de certains passages en passant par des CGI hideux, il n’y a pas grand-chose à sauver de cette adaptation. Pas grand-chose sauf une ambiance de train fantôme qui le temps d’une scène nous replonge dans la nostalgie de l’univers burtonien, et un esthétisme rétro-futuriste (inspiré de Discoveryland des parcs Disney) qui nous fait dire que Burton aurait peut-être dû faire un film de cirque original plutôt qu’un reboot. Encore faudrait-il s’assurer, qu’en dehors de ses codes visuels bien installés, Burton ait encore quelque chose à raconter…
Réalisé par Tim Burton
Avec Colin Farrell, Danny DeVito, Michael Keaton, Eva Green…
USA – Famille,
Sortie en salle : 27 mars 2019
Durée : 1h 52 min