That Jazz !
Kezako ?
Au cœur des années 20, à Chicago, Roxie Hart, une artiste de cabaret, tue son amant. En prison, elle est confrontée à Velma Kelly, double meurtrière mais surtout, chanteuse de jazzet idole de Roxie. Grâce à un avocat roué – Billy Flynn – les deux femmes trouveront la voie de la liberté et celle du succès.
La critique d’Eugénie – 4/5
♥ Coup de cœur
Indissociables de l’histoire du cinéma, les comédies musicales ont sur scène comme à l’écran une saveur assez particulière qui ne plaît pas à tout le monde. Enfant des années 90, ce sont les grands classiques Disney qui m’ont mis le pied à l’étrier, m’offrant une base solide pour aborder les vrais musicals à l’âge adulte, même si mes goûts en la matière restent assez sélectifs (attention à la dégoulinade de bons sentiments quoi).
Plus que pour les chansons, c’est avant tout l’envergure du spectacle qui me fascine et de ce point de vue, le Mogador a accueilli certaines de mes plus expériences : de l’émerveillement enfantin sur « le Roi Lion » à la découverte d’un monument de Boadway avec « Cats » en passant par l’émotion à l’état pur de » la Belle et la Bête ». Et si l’incendie de 2017 a entraîné l’annulation du « Fantôme de l’Opéra » – à mon grand désarroi – c’est avec plaisir que je retourne dans cette mythique salle pour découvrir son « Chicago » (probablement ma comédie musicale préférée).
Le rideau s’ouvre et dévoile un orchestre complet sur scène. Identique à celle de Broadway, cette mise en scène minimaliste et originale n’intègre pas seulement la musique comme un support mais comme un protagoniste à part entière, un narrateur omniscient autour duquel s’articule l’histoire. Cet échange constant entre les musiciens et les comédiens renforce l’atmosphère jazz du show, faisant de « Chicago » une comédie musicale très identifiable même au sein de son propre genre.
Un temps redoutée, la traduction en français des chansons joue son rôle sans trop d’accros. Faute de mieux on finit par s’y faire, se laissant même convaincre par certaines comme « Monsieur Cellophane », « Classe » et la version française de « We Both Reached For The Gun » (dont le titre m’échappe). Seuls les morceaux phares peuvent vraiment déranger les oreilles trop habituées aux originaux en anglais.
Traduction mise à part, le casting international et très talentueux livre une excellente prestation, portée par la très talentueuse Carien Keizer dans le rôle de Roxie Hart – malgré un accent pas toujours très compréhensible. Petite déception cependant pour Velma Kelly, un peu en dessous de sa partenaire (surtout dans les duos), étant interprétée ce soir-là par la doublure de Sophia Essaïdi, malheureusement absente (une histoire d’otite selon les ouvreuses).
En dépit de ce regret, le spectacle est au rendez-vous ! Des chorégraphies aux performances des comédiens, le Mogador signe une nouvelle grande production qui fait sien le sexy chic. Il ne lui manque qu’une pointe d’irrévérence pour tutoyer la perfection.
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Petit aparté pratique concernant les places, je vous conseille de viser le premier rang du second balcon. C’est la bonne alliance prix/vue-plongeante-et-large/place-pour-les-jambes ! Cela dit, abstenez-vous si vous souffrez de vertige sévère…
Compositeur : John Kander
Livret : Fred Ebb
Chorégraphe : Bob Fosse
Avec Carien Keizer, Sofia Essaïdi, Jean-Luc Guizonne, Sandrine Seubille, Pierre Samuel, V. Petersen etc.
USA – Comédie Musicale
En représentation depuis le septembre 2018 au Théâtre du Mogador (Paris)
Durée : 2h 30min (dont 20 minutes d’entracte)