Glass

On brise la glace ?

Kezako ?

David Dunn, héros « incassable » et justicier accompli, traque La Bête, un psychopate qui enlève et tue des jeunes filles. Ce monstre n’est autre que Kevin Wendell Crumb, l’homme au 24 visages. Le destin les réunit dans un hôpital psychiatrique où le docteur Ellie Staple s’efforce de prouver qu’ils souffrent du syndrome moderne du super-héros. Mais Elijah Price, l’homme aux os de verre qui a révélé les pouvoirs de Dunn lors d’un attentat terroriste, les attend de pied ferme…

La critique de Marcellin – 3,5/5

Suite au désormais culte Incassable, M. Night Shyamalan a réalisé sa volonté d’une croisée des mondes entre le torturé Kevin Crumb et le mystérieux David Dunn. Et quel pari osé ! Celui de réaliser un film de super héros, bien loin de l’imaginaire des comics, mais effleurant de très près la réalité. Glass ne s’avère donc pas être un film de justicier, mais bien un drame de surhommes porté à l’écran. La mise en bouche est une piqûre de rappel, on redécouvre les 24 personnalités (du moins les 10 majeures) toujours en plein kidnapping de jeunes filles. De l’autre côté, David Dunn, justicier surhumain qui traque les vilains, épaulé par un fils dévoué. Très vite, les deux protagonistes se font face, et se retrouve capturés par une mystérieuse psychiatre. Elle tentera par tous les moyens de leur faire croire qu’ils sont simplement des hommes comme les autres, possédés par leurs illusions d’être des surhommes. C’est dans cet espace déroutant et cloisonné qu’ils trouveront Elijah Price, le responsable des attentats perpétrés dans le seul but de dévoiler le secret de David Dunn.

Le film prend alors un tout autre visage, à travers la thérapie opérée par le docteur Staple, ces « super-héros » se fissurent, rattrapés par leur fragilité. Cette remise en question est le cœur du film, et fait sa réelle force. Malheureusement, cette phase du film est extrêmement longue et laborieuse. Le questionnement est un aspect majeur du cinéma de Shyamalan, apportant une dimension sombre mais délicatement ciselée à l’intrigue. Cependant au sein de Glass, elle apparaît comme une volonté de meubler l’écoulement du film pour atteindre le climax. Le résultat se dessine : nous nous ennuyons et avons la sensation d’une répétition constante. Cela se remarque notamment chez Crumb, personnage central du film, James McCavoy est toujours intensément possédé par ses rôles, mais finit par épuiser le spectateur par tous ses tours de passe-passe psychiques. La psychologie du film reste donc en surface, le drame et le fantastique se mêlent difficilement pour nous laisser sur notre faim. Je déplore également de nombreuses scènes qui cherchent à créer une émotion chez des personnages qui n’en ont pas besoin, et donc toujours dans un désir profond de happy end.

Pourtant, je me dois de saluer la prouesse artistique d’un auteur qui nous livre une réalisation transcendante. Les plans sont d’une richesse incroyable, tous uniques, faisant honneur à la beauté du cinéma. Ils subliment ses acteurs qui se donnent corps et âme, et fait de Glass un bel hommage à Incassable et Split, deux œuvres majeures d’un cinéaste talentueux.

Réalisé par M. Night Shyamalan
Avec James McAvoy, Bruce Willis, Samuel L. Jackson, Sarah Paulson
USA – Thriller, Fantastique
Sortie en salle : 16 Janvier 2019
Durée : 2h 10min