Le Grand Bain

 

Kezako ?

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie…

La critique d’Eugénie – 3,5/5

Définitivement inclassable, « Le Grand Bain » est l’OVNI cinématographique de cette fin d’année, questionnant même la notion du genre avec son patchwork émotionnel hors des normes… et donc bien plus réel.
Pour son troisième film en tant que réalisateur, Gilles Lellouche s’attaque à la tragi-comédie en racontant l’histoire d’un groupe de quinquagénaire paumé, épave de la conformité ou séquelle de leurs rêves inachevés qui se réunissent autour d’un même objectif : remporter la première compétition internationale de natation synchronisée masculine !

À la limite de l’absurde dans son traitement, le déroulement du scénario lui pourrait presque passer pour une parodie de comédie américaine classique. Mais la réalisation évite soigneusement la voix principale pour mieux nous égarer sur des routes de campagne embrumées qui, malgré des longueurs inévitables, ont le mérite de nous investir dans l’histoire, à la recherche du bon chemin.

Pathétique, drôle, sensible, Lellouche évite l’ascenseur émotionnel pour mieux construire notre empathie sur la durée, suscitant une forme de tendresse pour ses outsiders, même les plus odieux.
Plus humain que psychologique (ça reste très léger de ce côté-là), « Le Grand Bain » est à l’image de son affiche, bizarre, déjanté, pas franchement attrayant et pourtant doté d’un charme improbable. Avec son humour pince-sans-rire, voire cynique, sa sincérité et la très bonne prestation du casting, le film amène sans qu’on s’y attende des vraies scènes d’émotion, de joie et de rire, la plus jubilatoire restant la confrontation de Marina Fois et Mélanie Doutey dans un rayon de supermarché…

Sans être le chef-d’oeuvre annoncé ni révolutionner le cinéma français, « Le Grand Bain » apporte une corde intéressante à l’arc de Gilles Lellouche, une parenthèse aussi humaine et loufoque que le personnage de Philippe Katerine, toujours formidable sur grand écran.

La critique de Marcellin – 3,5/5

Salué par la critique, Le Grand Bain est un film qui concilie simplicité et richesse. Il dresse le portrait de ces hommes au bord de la crise de nerfs, qui entrent chacun à leur manière dans les méandres de la dépression. Rêveur incompris, crise de la quarantaine, père mal-aimé, ils ont tous perdu le sens de leur propre existence. C’est dans la natation synchronisé qu’il retrouveront leur place, en étant une partie d’un ensemble de cœurs brisés. Le Grand Bain est l’héritier français de The Full Monty, où des hommes trouvent à travers une activité peu commune, la force nécessaire de s’accrocher à la vie.
Gilles Lellouche filme avec tendresse ses camarades de cinéma, mêlant à la fois l’absurde et une bienveillance touchante. Chaque personnage est doté d’une personnalité unique, et portés par des acteurs dévoués à leur rôle. Des ventres mous, des cheveux en moins, rien ne prédestinait cette petite bande à s’imposer dans une discipline si gracieuse. Mais c’est bien plus qu’une activité du mercredi soir, pour ces hommes que tout oppose, c’est une thérapie nécessaire. Chaque instant partagé n’en est que plus salvateur : des confessions sur un banc de vestiaire jusqu’à la cohabitation dans un camping car miteux.


Réalisé par Gilles Lellouche
Avec Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade, Virginie Efira, Leïla Bekhti, Marina Foïs, Philippe Katerine, Alban Ivanov…
France – Comédie dramatique
Sortie en salle : 24 octobre 2018
Durée : 1h 58 min