Les Frères Sisters

Ouest-ern

Réalisé par Jacques Audiard
Avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal, Riz Ahmed…
France – Western
Sortie en salle : 19 septembre 2018
Durée : 1h 57min

Kezako ?

Charlie et Eli Sisters évoluent dans un monde sauvage et hostile, ils ont du sang sur les mains : celui de criminels, celui d’innocents… Ils n’éprouvent aucun état d’âme à tuer. C’est leur métier. Ils sont engagés par le Commodore pour rechercher et tuer un homme. De l’Oregon à la Californie, une traque implacable commence, un parcours initiatique qui va éprouver ce lien fou qui les unit. Un chemin vers leur humanité ?

La critique d’Eugénie – 4,5/5

Un western revisité façon cinéma d’auteur à la française… il n’y avait que Jacques Audiard pour se lancer dans pareil projet. Adapté du roman de Patrick De Witt, « Les Frères Sisters » est une pépite cinématographique, preuve que pour certain chercheur d’or, l’audace paye !

Introduction, plan fixe, nuit noire et quelques coups de feu… Bienvenu dans le « wild west » où l’existence est aussi brute que le talent des acteurs, aussi à vif que les émotions de leurs personnages. La violence règne, mais comme souvent chez Audiard, elle n’est jamais gratuite, elle supporte et fait évoluer le récit d’une simple chasse à l’homme à une quête introspective. Puissant, parfois drôle, souvent touchant, le périple des frères Sisters se suit avec d’autant plus d’intérêt qu’il se révèle imprévisible mais toujours sensé, porté par l’excellente performance du casting.

Pourtant en fin de séance on ne retient pas que l’histoire… En tant qu’objet de cinéma, « Les Frères Sisters » est tout simplement l’aboutissement de ce que le septième art sait faire de mieux. La richesse de l’image, de sa composition à la lumière, la mise en scène, les décors, la bande originale d’Alexandre Desplat, le cadrage, le montage… chaque aspect de la réalisation témoigne de la virtuosité d’Audiard, où la maitrise technique est en symbiose avec l’essence du récit pour livrer plus qu’un film, une œuvre d’art !

Une œuvre qui n’a ni besoin d’un but pour exister, ni de se justifier. Le long métrage vit et respire par lui-même, laissant parfois le spectateur en marge, simple contemplateur. Il en ressort un certain manque de rythme, symptomatique (voir carrément cliché) du genre. Mais « Les Frères Sisters » ne cherche pas à divertir. Western crépusculaire, il explore la conscience, la réflexion, la lutte et l’apaisement, loin des blockbusters sous stéroïdes, il fait le choix de l’âme plus que du corps. Inspirant !