Une prière avant l’aube

Brut de (dé)coffrage

Réalisé par Jean-Stéphane Sauvaire
Avec Joe Cole, Vithaya Pansringram…
FRANCE / ROYAUME UNI – Drame
Sortie en salle : 20 juin 2018
Durée : 1h 57min 

Kezako ?

Emprisonné pour détention de drogues, Billy, un boxeur d’origine anglaise expatrié en Thaïlande, fait face à l’enfer. Gangs, violences, abus de drogues, il oscille entre la vie et la mort. Son seul espoir est de reprendre les gants et participer à des tournois de Muay-Thaï, où il se donnera corps et âme afin de conquérir sa liberté. Inspiré d’une histoire vraie…

La critique de Marcellin  – 4/5

Présenté au Festival de Cannes en séance de minuit Hors compétition, Une Prière Avant L’Aube est un véritable uppercut. Cette oeuvre est une claque que chaque spectateur doit prendre, par la qualité de son image, de son propos, de ce huis clos suffocant. Au plus près de son acteur, Jean Stéphane Sauvaire nous embarque dans la moiteur des prisons thaïlandaises, accompagne les actes et les paroles de ce boxeur en perdition. Le réalisateur a ici un objectif : que le spectateur s’imprègne de la peau du personnage, le suivant comme son ombre afin qu’il puisse se nourrir de chaque émotion, chaque geste… D’ailleurs, ses combats sont filmés en plan séquence, caméra à l’épaule, on ne voit quasiment rien,  le but étant que l’on subisse cet affrontement de colosses par le son, la sueur et le sang. Sauvaire nous livre ici un oeuvre brute, brutale, où son esthétique réside dans sa façon de filmer ces corps masculins, ces peaux tatouées au milieu des barres de prisons, de l’insalubrité… Une esthétique violente, mais terriblement efficace. Car tout n’est que violence dans cet enfer. De la scène de viol au lynchage, on peine à trouver l’espoir dont chaque homme a besoin pour survivre. Puis c’est finalement dans cette violence qu’on l’aperçoit doucement, lorsqu’un animal en cage s’apprivoise grâce au muay thaï, se canalise pour mieux survivre. Billy Moore fait son choix, plutôt que de vivre comme une bête, il se battra aux côtés de ses pairs. Une Prière Avant L’Aube traite donc de rédemption, d’exorcisme, d’un combat mené par un marginal contre ses démons qui veulent l’emporter six pieds sous terre.
Cette force est ici incarné par Joe Cole, connu pour ses rôles dans les séries Skins et Peaky Blinders. Il se défend ici dans un registre qui ne lui est pas méconnu, mais qu’il arrive à pousser à son paroxysme. Son corps devient une toile de maître, sa puissance s’incarne par sa rage, sa colère, sa solitude…
Il y a une sorte de ritualisation du corps qui se crée tout au long du film : par la douleur, le sexe, la drogue. Des rituels d’ailleurs tout à fait respectés lors des scènes de combat et des préparations physiques.
Le fil conducteur de l’oeuvre est d’une précision ahurissante, le climat anxiogène étant peu à peu libéré par la seule volonté de Billy, de pousser son corps et son esprit à son apogée pour enfin voir le bout du tunnel.
Une Prière Avant L’Aube est un choc frontal, le récit d’un homme qui n’avait plus rien à perdre, et qui a tout gagné…