« This is a man’s world ! But… »
Créé par Bruce Miller
Avec Elisabeth Moss, Yvonne Strahovski, Joseph Fiennes, Samira Wiley, Alexis Bledel…
USA – Drame, Science-fiction
Saison 2 (13 épisodes) diffusée depuis le 25 avril 2018
Durée par épisode : 47–60 minutes
Kezako ?
Dans une société dystopique et totalitaire au très bas taux de natalité, les femmes sont divisées en trois catégories : les Epouses, qui dominent la maison, les Marthas, qui l’entretiennent, et les Servantes, dont le rôle est la reproduction.
La série suit le parcours de June, servante sous le nom de « Offred » (DeFred) au service du commandant Fred Waterford et de son épouse.
La critique d’Eugénie – 5/5
♥ Coup de cœur
Le cru 2017 du petit écran fût pour le moins excellent. Entre prolongation et nouveauté, l’image s’est animée de personnages attachants, d’intrigues intéressantes et d’histoires différentes. Mais aucune ne fût plus bouleversante que « The Handmaid’s Tale », l’adaptation du roman homonyme de Margaret Artwood.
Auréolée de cinq Emmy Awards et trois Golden Globes, la série est de retour pour une seconde saison (gratifiée de trois épisodes supplémentaires). Au bout de quatre épisodes, il est temps de faire le point sur cette saison 2…
10 minutes, c’est le temps qu’il lui aura fallu pour donner le ton : elle compte bien tenir toutes ses promesses et ne perdra en rien de son tranchant !
L’histoire reprend là où nous avions laissé June et ses « consœurs », sur le point de subir les conséquences de leur refus de punir Janine. Avec une illustration de torture psychologique d’une puissance incroyable « The Handmaid’s Tale » livre l’une des scènes d’ouverture les plus bouleversantes de la télévision, sublimée par la chanson de Kate Bush « This woman’s work » – jamais aussi bien employée ! Déjà culte !
Passé l’exposition, le pari est maintenant de conserver le même niveau d’exigence esthétique et scénaristique qu’en saison 1 sans tourner en rond. Si les mécanismes de narration restent les mêmes, alternant habilement les temporalités, l’histoire se fragmente à la suite des personnages, avec son lot de nouvelles intrigues, de nouveaux lieux et une violence toujours renouvelée. L’axe narratif principal de début de saison pourrait ainsi paraître précoce – une fuite haletante que nous ne pensions pas voir de sitôt – mais ne rend que plus brutal le retour à la « réalité » tout en explorant la psychologie des protagonistes et les différentes facettes de Gilead.
Les ingrédients du succès sont toujours présents, à commencer par un casting incroyable et une réalisation suffocante, au plus près des souffrances des personnages. Une proximité anxiogène qui pousse l’emphase jusqu’à rendre le spectateur otage de l’image pour mieux lui faire partager l’angoisse, la révolte, la douleur, l’horreur viscérale du quotidien des « maids » et une maitrise parfaite de l’escalade émotionnelle : c’est quand on croit qu’il ne peut rien arriver de pire qu’il se produit.
Mais l’intérêt premier de la série c’est son message politique. Les libertés individuelles et de la presse, l’injustice, le fanatisme sont toujours au cœur du récit, exploités dans les flashbacks sur la genèse de la dictature (avec un sérieux tacle aux fake news de Trump). Comme le rappel incisif qu’il ne faut jamais rien prendre pour acquis et qu’agir en amont vaut mieux que de revenir en arrière, car quand l’horreur est absolue, on s’accommode vite de l’inacceptable…
Quant au féministe, thématique principale la série, il détaille davantage le sujet de la maternité dans une société ou, sans choix, la fertilité devient une malédiction. L’espèce décline peut-être, mais sans liberté, l’humanité agonise…
« The Handmaid’s Tale » fascine autant qu’elle dérange avec une saison 2 aussi excellente que la première. Une dystopie qui séduit, au-delà de son l’histoire, par un équilibre subtil : à la fois invraisemblable et (trop) plausible, elle induit notre immersion par une simple question… et si c’était moi ?