Westworld – Saison 2

I, Host

Créé par Jonathan Nolan et Lisa Joy
Avec Evan Rachel Wood, Jeffrey Wright, Thandie Newton, Ed Harris, James Marsden…
USA – Western, Science-fiction
Saison 2 (10 épisodes) diffusée depuis le 22 avril 2018
Durée par épisode : 60–90 minutes

Kezako ?

Westworld est un parc d’attractions futuriste recréant l’univers du Far West américain du XIXe siècle où les visiteurs peuvent y faire ce qu’ils veulent sans aucune conséquence. Propriété de la société Delos, il est peuplé d’androïdes, appelés «hôtes» (hosts), réinitialisés à la fin de chaque boucle narrative. Mais à la suite d’une manipulation de Robert Ford, le créateur du parc, certains hôtes sont désormais conscients et bien décidés à ne plus subir la domination des hommes.

La critique d’Eugénie – 4/5

Alors que « Game of Thrones » s’apprête à faire un dernier tour de piste (en avril 2019), HBO s’est rendu compte qu’il fallait vite lui trouver un successeur. En 2016, le network a confié cette tâche à une nouvelle production titanesque au casting 5 étoiles – Anthony Hopkins, pardonnez-moi du peu – « Westworld », western de science-fiction adapté d’une histoire de Michael Crichton (également auteur de « Jurassic Park », c’est quoi son problème avec les parcs d’attractions ?).
Après une saison 1 qui n’a pas vraiment fait l’unanimité – ce que je déplore – nous quittions le parc à l’aube d’un conflit entre humains et « robots » savamment orchestré par Robert Ford.

Toujours aussi ambitieuse dans sa réalisation, « Westworld » reste bluffante quand il s’agit d’immersion. Visuellement irréprochable, cadrage, photographie, décors, et effets spéciaux frôlent la perfection, sans parler de l’incroyable bande originale de Ramin Djawadi et de l’excellente performance du casting .
Mais pour ce qui de l’architecture narrative, dont la complexité avait concentré la majorité des critiques en saison 1, elle se simplifie au détriment de la mise en abime.
L’an dernier, quand les visiteurs cherchaient les réponses des scénarios de Ford et de son labyrinthe, les spectateurs étaient plongés dans celui des showrunners. Une construction pleine de mystère et d’une rare intelligence dans ses aboutissements, preuve que la série a toujours su où elle allait (hum hum « Lost »).
Alors certes, les intrigues sont plus lisibles. Le parallélisme des temporalités est conservé et toujours bienvenu quand il apporte des développements antérieurs à l’action, mais le show perd en suspens et son côté « casse-tête » qui faisait sa différence et son génie.

Quant aux intrigues, elles sont pour l’instant inégales.
Bien qu’étant tous sortis de leurs boucles narratives façon « Un jour sans fin », l’éveil et le combat des hôtes sont étrangement en retrait. Même la « quête » énigmatique d’une Dolores vengeresse nous investit relativement peu. D’ailleurs, le personnage n’est intéressant que dans ses crises de schizophrénie, quand la douceur de la fille du fermier entre en contradiction avec la violence de Wyatt et le ton encore incertain de cette troisième voix naissante.
Maeve, personnage phare est également plus discrète, reléguée à sa quête annexe (retrouver sa fille) bien que son rapport aux autres, notamment Sizemore (nom évocateur pour un mégalo) et Hector, soit en constante évolution. On ne peut qu’attendre avec hâte son arrivée à Shogun World (teasé dans le trailer) pour la voir enfin exploiter son potentiel.
Finalement, l’intrigue la plus passionnante de ce début de saison concerne les manigances de Delos, mettant en parallèle les péripéties de Bernard (Jeffrey Wright en grande forme) et le nouveau jeu de William (l’homme en noir) où la présence inquiétante et manilutrice de Ford, bien que physiquement absent, ce fait toujours sentir.

Disons-le, ce chapitre bien que prometteur n’a pas encore fait ses preuves. Mais peut-être ne prendrons-nous la mesure du génie de cette saison qu’au dernier épisode, comme pour la précédente ? Avec « Westworld » nous pouvons y croire.