The Greatest Showman

The Greatest Jackman ?
(cherchez pas c’est Logan !)

Réalisé par Michael Gracey
Avec Hugh Jackman, Zac Efron, Michelle Williams, Zendaya…
USA – Comédie musicale
Sortie en salle : 24 Janvier 2018
Durée : 1h 44min

Kezako ?

The Greatest Showman célèbre la naissance du show-business et l’émerveillement que l’on éprouve lorsque les rêves deviennent réalité. Inspirée par l’ambition et l’imagination de P.T Barnum, voici l’histoire d’un visionnaire parti de rien qui a créé un spectacle devenu un phénomène planétaire.

La critique d’Eugénie – 2,5/5

C’était couru d’avance depuis le succès planétaire de « La La Land », nous sommes à l’aube d’une nouvelle déferlante de musicals. C’est le film d’un illustre inconnu, Michael Gracey, qui fait office de figure de proue, en adaptant très (très) librement la vie de P.T Barnum, précurseur du show business et génie publicitaire en son temps.

Loin de la vérité complexe d’une figure historique, Gracey opte pour la bipolarité en transformant son personnage principal en idéaliste fantasque, ce qui vu sous l’angle du « biopic » est une aberration. Parler « d’inspiration » aurait paru plus pertinent – du reste il ne suffisait qu’à changer les noms – et aurait permis au réalisateur de prendre plus de liberté avec son scénario.

Au final, il livre un « feel good » movie où le casting, au demeurant très bon, s’amuse visiblement beaucoup. Hugh Jackman cabotine comme jamais dans un rôle taillé à sa mesure, faisant la part belle aux nombreuses qualités de showman de l’acteur. Sa performance seule vaudrait presque le détour tant il incarne parfaitement le rôle, non pas de Barnum, mais du « Greatest Showman » – rappelez-vous sa performance lors de la cérémonie d’ouverture des Oscars 2009 !

Malheureusement la performance des comédiens ne suffit pas à relever le niveau, trop inégal, du film.
Problème de lisibilité, chronologie inexploitée (les enfants ne grandissent pas), costumes soignés mais noyés dans des décors en carton-pâte et bouillie numérique (volontaire ?), Michael Gracey tente de reproduire la démesure absurde de Baz Luhrmann (« Moulin Rouge ») en beaucoup plus brouillonne.
Un constat d’autant plus flagrant que son scénario lui est désespérément lisse et trahit une superficialité inassumée ! De fait, toutes les répliques humoristiques des trailers ont été supprimées du montage final et aucune thématique évoquée – l’isolement, le jugement, la discrimination, la manipulation, la publicité, le mensonge et j’en passe… – n’est approfondie. Le propos sur la différence se fait d’ailleurs bien discret compte tenu du sujet principal. Quel dommage que les seconds rôles des freaks n’aient pas été plus exploité que via une love story et une chanson catchy !

Quand on parle du loup, qu’en est-il de la bande originale ? Eh bien elle est à l’image du reste, très inégale ! Parmi les compositions oubliables ne ressortent que quelques morceaux louchant du côté des téléfilms Disney… Attention, cela ne veut pas dire qu’elles sont mauvaises… Après tout, quand il s’agit de sentiment, pas besoin d’égaler Shakespeare pour trouver les mots justes !
D’ailleurs c’est bel et bien dans ses tableaux musicaux que le film parvient enfin à convaincre. De la scénographie aux chorégraphies en passant pas les quelques mouvements de caméra audacieux, tout respire le grandiose, faisant regretter de ne voir qu’un film.

Au final, le problème de « The Greatest Showman » n’est peut-être pas tant celui de l’objet que du médium… À la fois trop simple et too much pour le grand écran, cette comédie musicale ne demande qu’à retrouver le berceau de son genre : la scène !