Le samedi 30 décembre 2017 – Grosse ambiance au Grand Palais ce matin ! Sortez les parapluies, il faudra attendre dehors parmi une foule de hooligans déchainés, du type foulard et monocle. Au programme : un featuring de Paul Gauguin avec Irving Penn.
Paulo assure la première partie… Eugénie se fera Penn plus tard, avec Marcellin bien entendu (coucou mon poussin) !
Organisée par le Musée d’Orsay et l’Art Institute of Chicago, l’exposition propose un tour d’horizon de la carrière d’un des papas de l’art moderne. Un voyage initiatique avec celui qui, de la Bretagne à Tahiti, s’amuse à mélanger les cultures. Tradition, religion, mythologie et artisanat, Gauguin est à sa façon un peintre mondialiste dont même l’œil le moins averti pourra deviner les inspirations.
Pour les curieux, le livret et les panneaux explicatifs traduiront les sens (et l’essence) de la visite (amplement suffisant). Les passionnés pourront quant à eux se munir de guides audio (en location à l’entrée) et les plus futés en téléchargeront le contenu via l’application de l’expo (nettement moins cher).
Attention néophytes, la prudence est de mise ! Les commentaires, bien qu’intéressants, ont les accords d’un égo trip artistique de ceux qui aiment s’entendre parler. Certaines interprétations prêtent franchement à sourire, surement la faute d’un hooligan à monocle. Exemple choisi : « (…) deux projections primitives chargées d’exprimer métaphoriquement différents aspects du soi (…) le Christ jaune traduit la vision sacrificielle et sublimée que l’artiste a de son propre destin (…) symbolise le Gauguin sauvage, son moi primitif et barbare… »
Bref, c’est le médaillon d’Isis Novnak quoi – les vrais savent !
Le public se divise en deux clans, les écouteurs contre les lecteurs. Poursuivons !
L’exposition est dense, riche de tableaux mythiques, sculptures, gravures, et autres céramiques. Des projections viennent illustrer en complément les techniques et les processus de création assez captivants.
Mais de Paul, on retient principalement deux choses : les couleurs et la récurrence des figures/motifs déclinées sur tous ses médiums.
Après, le jugement esthétique est l’affaire de chacun (n’est-ce pas Kant).
N’étant pas une inconditionnelle de l’œuvre de Gauguin, j’admets volontiers que mon attention fût occasionnellement attirée par une autre forme d’art… la performance vivante, celle des visiteurs.
Je vois cette femme du nord de l’Europe, classe, gigantesque et élancée, enveloppée dans un manteau de fourrure noire qui domine toute la pièce d’une tête. Elle séduit et fascine sur son passage, tout en dédain, on la croit sortie d’une couverture de roman noir.
Dans la salle suivante, ses deux étudiantes asiatiques faisant preuve d’un mimétisme involontaire quasi comique. Les corps penchés, les langues déliées, elles observent les toiles à moins de trente centimètres des pigments. Rien n’est factice, elles nous ont simplement occultés et cette parodie de cliché n’empêche pas de se demander « Que cherchent-elles que nous ne voyons pas » ?
Il y a aussi ce jeune homme qui ressemble à s’y méprendre au youtuber Norman, si ce n’est que ses boucles turquoises tranchent avec son look de garçon sage.
Cette jeune femme blonde qui systématiquement prend les salles à contre-courant. Divergence sociale ou de vu ?
Et cette blogueuse qui prend le temps de regarder la pièce dans son ensemble, d’en sentir le pouls et d’observer les gens autant que les tableaux.
Mais je m’égare… Concluons !
La visite s’achève sur un sentiment mitiger. La disposition chronologique reste terriblement classique et ne propose rien de surprenant ou de différent dans son propos. Disons que ça reste une bonne leçon de culture générale.
par Eugénie