Assassin’s Creed Origins

Bayek : balèze ou balek ?

Éditeur : Ubisoft
Développeur : Ubisoft Montréal
Action, Infiltration, RPG
Sorti sur Microsoft Windows, PS4 et Xbox One le 27 octobre 2017

Kezako ?

En 49 avant J.-C. l’Égypte est gouvernée par Ptolémée XIII, frère de Cléopâtre. Bayek, le Medjaÿ de Siwa part à la poursuite des meurtriers de son fils, les mystérieux membres de l’Ordre des Anciens. Une vengeance personnelle mêlée aux intrigues politiques de son temps, aux origines mêmes de la création de la célèbre confrérie des assassins. 

La critique d’Eugénie – 3,5/5

« Assassin’s Creed », fer de lance d’Ubisoft, compte parmi les grandes franchises du gaming avec déjà dix opus rien que pour la série principale. Si les déceptions font consensus, comme l’utra beugué « Unity », le titre de meilleur jeu de la saga ne fait pas l’unanimité. Le premier ? Le second ou même « Brotherhood » ? « Assassin’s Creed 3 » ? Plus que pour tout autre franchise, ce choix dépend des préférences de chacun non seulement au niveau du gameplay mais aussi du scénario… et clairement le mien se porte sur « Black Flag », le quatrième volet mêlant infiltration et piraterie.

Alors quand la même équipe est annoncée aux manettes de la genèse de la confrérie, on peut s’attendre à du lourd ! Quoi que…
Pour bien parler de cet « Assassin’s Creed Origins », il faut distinguer la technique relative à l’expérience de jeu et le scénario.

Côté gameplay, rien à redire, ce volet assume enfin clairement son genre rpg (claqué sur la référence « the Witcher 3″) et de ce point de vue, il est le plus abouti de la franchise. Entre amélioration et nouveauté, on notera une IA plus performante avec (enfin) de vrais enjeux en terme de difficulté ainsi que plus de possibilités dans les combats en fonction des armes. L’apparition de l’aigle Sénu pimente les missions d’infiltration, même si celui-ci reste sous-exploité compte tenu de son potentiel, à l’instar d’une bonne moitié de l’arbre de compétences, vraiment dispensable.
C’est encore une fois par son open world qu' »Assassin’s Creed » se démarque. Esthétiquement splendides, les paysages et les villes sont sublimés par un souci du détail très appréciable jusque dans les menus et une très belle identité musicale. À la découverte du monde antique, de la très grecque Alexandrie (Alexandra hihi) à l’égyptienne Memphis en passant que les profondeurs du Nil et des déserts, la beauté des décors marque la rétine à chaque instant avec quelques petites pépites comme les mirages et les tempêtes de sable. En résulte une exploration de l’univers jouissive, riche en possibilité tant les quêtes sont nombreuses et variées (quoique qu’immanquablement  répétitives quand on vise les 100%) : missions secondaires, parties de chasses, énigmes, découverte des pyramides et des tombeaux, attaques de camps etc.
Une expérience de jeu plaisante, addictive et immersive, rompue occasionnellement par des défauts de finition, avec des personnages inexpressifs et trop similaires et des bugs récidivistes chez les textiles (passe-muraille) et les combats à cheval.

Si « Assassin’s Creed » ne se résumait qu’à sa « jouabilité », il serait presque parfait. Mais comme les fans le savent bien, la licence a aussi installé de nombreuses lignes scénaristiques et mythologiques entremêlées dans différentes temporalités. « Origins » introduit un nouveau personnage dans le présent, Layla qui, bien que peu exploitée, pourrait se révéler dans la suite. Chercheuse pour Abstergo, c’est par elle que nous découvrons les mémoires de Bayek et Aya, couple charismatique entouré de personnages secondaires oubliables à l’exception des figures historiques Cléopâtre et César, malheureusement peu présentes.
Cet opus avait la lourde tâche de raconter la naissance de la confrérie, de revenir sur les origines d’un mythe avec une exigence émotionnelle et héroïque supérieure à tout ce qui a précédé… mais d’épique il n’y a que l’échec !
Les enjeux de l’intrigue sont limités à la vengeance d’un père, laborieusement rattaché aux complots politiques entre Rome et l’Égypte par Aya mais trop distants pour être crédibles. L’avènement même des Assassins est expédié en une cinématique, sans aucune mention des précurseurs ! À croire que là où les développeurs ont joué l’envergure, les scénaristes ont été frileux, un coup de froid ressenti également dans le choix d’une période historique très courte, au détriment des possibilités qu’offraient Marc-Antoine, Octave et l’avènement en l’Empire romain.

« Assassin’s Creed Origins » est l’alliance improbable d’une bonne qualité d’exécution et d’un fil conducteur faible, satisfaisant pour les gamers mais moins pour les fans. Cette légèreté aura peut-être pour bénéfice de proposer une nouvelle entrée pour les curieux qui ne connaissent pas encore la célèbre saga.